Penser à mort la vie, quelle qu’elle soit, partout, solitaire comme partagée, dans ses poussées d’énergie et de sexualité, de la veille au sommeil et au rêve. Penser l’existence jusqu’au bout, même le mort dans la mort et dans son espace la résurrection pour y apercevoir dans sa tenue propre l’être cher. Éprouver les séparations comme les partages. Toucher l’autre, être touché par lui, et être habité par le cœur…
Exister, c’est articuler une forme, à tous les moments de la vie. Ainsi : naître et mourir, souffrir et jouir, être jeune et vieillir, subir le handicap, travailler et parler en sont quelques expressions fondamentales. Toutes sont en vérité de l’art. Non pas l’art d’exister ou de décréter la signification de l’existence, surtout pas, mais celui de rendre l’existence possible à travers les aléas de sa désarticulation au demeurant insurmontable. Car…
La folie douce de Flaubert-Félicité La folie douce est l’apparence que prend la littérature lorsqu’elle se décide pour une existence libérée. Cette mystique de la littérature est celle que connaît le personnage de Félicité dans Un Cœur simple de Flaubert. La folie et l’extase qui s’emparent d’elle sont provoquées par un perroquet empaillé nommé Loulou, posé là sur la table, et qui finira par s’envoler comme le Saint Esprit lui-même.…
Faut-il en toute chose aller aux extrêmes ? Et faut-il avoir atteint une sorte de climax pour être à la hauteur de ce qu’exigent la création artistique, la politique et la pensée ? Les expériences si dangereuses de ce genre, telles qu’elles furent pratiquées au XXe siècle, ne résultent-elles pas d’un Pacte frauduleux contracté avec le diable, et l’une d’elle n’a-t-elle pas fait le malheur d’Adrian Leverkühn, le compositeur pas si imaginaire que…
Pourquoi le poème nouveau que Baudelaire élabore dans les temps nouveaux du capitalisme prend-il la forme de la photographie ? Cela est pourtant à peine concevable puisque le poète n’avait pas de mot assez dur pour cette technique nouvelle dans laquelle il ne reconnaissait pas un art, c’est-à-dire une image issue du langage et du rêve, du pinceau et de la musique, mais de la seule « industrie » et…
La culture est-elle devenue folle et la musique est-elle coupable ? Dans Le Docteur Faustus, ce roman rédigé pendant l’exil en Californie entre 1943 et 1947, Thomas Mann rapporte la biographie d’un compositeur imaginaire, Adrian Leverkühn, qui, pour se doter du pouvoir de la création et opérer une percée supérieure dans le domaine de l’art, accepte un Pacte avec le Diable. À la vérité, ce Pacte fut déjà réellement conclu…
La musique comme chemin d’existence … En effet, les moments d’intervention de la musique, de toutes les musiques, au fil des jours et au long de la vie ne manquent pas d’être signifiants. Ils instruisent autant sur la musique elle-même que sur la pensée et sur l’existence. Il serait prétentieux d’en produire une théorie générale. Toutefois, la voie de la chronique, jour après jour, aura tissé des fils permettant de…
Le Lenz de Büchner, dans sa fulgurante brièveté, marque pour beaucoup la date de naissance de la littérature contemporaine. Il est son « 20 janvier » (Paul Celan). L’œuvre de Stifter, plus méconnue, bien que Nietzsche y ait vu le sommet de la prose allemande, semble se situer aux antipodes du Moderne, alors même qu’elle en constitue le pressentiment inquiet. Büchner et Stifter sont ici croisés pour faire apparaître la…
Ce qui a été n’est plus possible. Ce qui a disparu existe peut-être encore. Mais rien ne nous est plus accordé. Dans des temps plus anciens, l’existence pouvait se soutenir, par la croyance et la prière, par la simple attente ou par la présence du mystère, d’un espoir en une grâce. Celle-ci pouvait être concédée, malgré l’ignorance dans laquelle on se trouvait de la décision divine et de son libre…
Cette contribution à une vie exacte est motivée par un souci résolument philosophique, celui de ne pas démembrer la rationalité elle-même (le réel). Ce que le Moderne a mis en oeuvre de pire, très concrètement, dans toutes les dimensions repérables pour chacun de l’existence, c’est la compartimentation des régimes d’activités et de pensées (science et poésie, intellect et affectivité, le moi et autrui, sans parler des contradictions politiques…). Nous sommes…
Collection: Philosophie, épistémologie