EXPÉRIENCE DE SOI ET DISSIDENCE DU PHILOSOPHE AUTODIDACTE
Le présent essai se propose de montrer toute la richesse philosophique, mystique et politique, de l’œuvre médiévale d’Ibn Ṭufayl, intitulée Ḥayy bin Yaqẓān. Plusieurs fois traduit au XVIIe siècle, connu sous le nom du philosophe autodidacte, admiré dans l’Europe latine, ce récit constitue la matrice des utopies insulaires et des robinsonnades ultérieures.
Cette allégorie appartient à ce mouvement de propagation des Lumières arabes, qu’il ne s’agit aucunement de confondre avec les Lumières modernes postérieures, mais qui en constitue néanmoins l’une des sources.
La philosophie arabe, du IXe au XIIe siècle, forme en effet une tradition de pensée vivante, unifiée mais diversifiée, trop souvent négligée, s’inscrivant pleinement dans le destin de la métaphysique occidentale. Elle appartient ainsi à une époque distincte de l’être, qui n’a pas été jusque-là considérée comme telle.
Professeur agrégé de philosophie, Éric Marion est chargé de cours à l’Université de Bourgogne.