Sociologie de l’action normative
Qu’est-ce qu’engage la question « comment juger » ? En quoi celui qui juge est-il en même temps jugé par son propre jugement, sans cesse confronté à l’exigence de juger ? Ces interrogations se plient en deux marges qui s’équilibrent et se croisent l’une à l’autre. D’une part, la loi absente. Point de vue négatif correspondant à une condition positive, à l’avantage d’une contrainte, d’une obligation : il faut trouver la loi. D’autre part, le droit ne coïncide pas avec la loi de nature : il concerne des arrêts que la faculté de juger se prescrit elle-même. Ces aspects s’accordent et se relancent mutuellement dans le reniement de la puissance des origines en faveur de celle de l’alliance : alliance non pas sur la base d’une provenance commune, mais d’objectifs partagés. Ce qui met en jeu la question de la non-dérivabilité des critères du jugement. Ou, dit en d’autres termes : afin d’éviter la chute dans le totalitarisme et dans la barbarie, l’action normative ne peut que renoncer à s’imposer à ses objets selon un modèle donné à l’avance qu’il faudrait tout simplement appliquer.
Professeur de Sociologie de la Culture et de la Communication à l’Université Iuav de Venise, il a tenu des cours à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et à l’Université Sorbonne Paris Nord. Il a édité et introduit le volume Jean-Luc Nancy, Dies Irae, Westminster University Press. Il a publié le manuel Sociologie de la communication (Éditions Bruno Mondadori) et les monographies Sociologie de la culture entre critique et clinique (Éditions Mimesis) ; Georges Bataille sociologue de la connaissance (Éditions Costa & Nolan), L’appareil et le hasard (Éditions Postmedia), Projet et production artistiques comme action sociale (Éditions Aracne). Ses articles sont apparus dans maintes revues scientifiques internationales.