« La nouvelle nous est parvenue que pas une étymologie de Heidegger, pas même Léthé et Aléthès, n’était exacte. Mais le problème est-il bien posé ? Tout critère scientifique d’étymologie n’a-t-il pas d’avance été répudié, au profit d’une pure et simple Poésie ? On croit bon de dire qu’il n’y a là que des jeux de mots. Ne serait-il pas contradictoire d’attendre une quelconque correction linguistique d’un projet qui se propose explicitement de dépasser l’étant scientifique et technique vers l’étant poétique ? Il ne s’agit pas d’étymologie à proprement parler, mais d’opérer des agglutinations dans l’autre-langue, pour obtenir des surgissements dans la-langue ». (Gilles Deleuze Critique et clinique, 1993, p. 122 à 124). Ces lignes de Deleuze expriment parfaitement et par avance l’objection que l’on pourrait opposer à notre ouvrage. Cependant, et tout en conservant à Deleuze un respect entier pour sa belle œuvre, nous ne pensons pas que des « agglutinations » dans la langue suffisent à faire passer dans un registre poétique. Le détail de notre démonstration philosophique et philologique a voulu montrer que Heidegger, en faisant comme s’il « entendait » la pensée grecque de l’origine, est entré dans une région que ne peuvent plus atteindre ni philosophie, ni philologie, ni même poésie, parce qu’elle se retire dans l’invérifiable.
« Docteur-ès-lettres, André Sauge est chercheur libre dans le domaine de la langue et de la littérature grecque anciennes, des origines jusqu’au Nouveau Testament. Axes de sa recherche : le récit (Iliade, Odyssée, etc.) comme argumentation et l’appropriation des textes par les pouvoirs. ». Agrégé de Lettres classiques et de Philosophie, Arnaud Villani a longtemps enseigné en Khâgne. Travaux sur les Présocratiques (deux ouvrages sur Parménide ; ouvrage en cours avec Heinz Wismann), Kafka (inédit, à paraître), Deleuze (trois ouvrages chez Belin, Noêsis, Hermann).