L’esclavage, qui semble un scandale pour la conscience contemporaine, n’a pas toujours été objet de réprobation. La philosophie, qui prétend volontiers à un regard transcendant sur l’histoire, a été en la matière le plus souvent fille de son temps, et a accompagné, plus qu’elle ne les a précédées, les transformations du statut de l’esclave et de l’esclavage dans la conscience des hommes. Ce livre est une tentative pour restituer et comprendre la logique de ces transformations successives de la philosophie sur plusieurs millénaires. Il met en perspective, pour la première fois, tant la philosophie antique et médiévale que la philosophie moderne.
Il se veut plus au-delà une contribution à l’histoire de la raison. Trois étapes en effet scandent la relation des philosophes à l’esclavage – et plus généralement à l’hétéronomie : la raison extérieure, qui légitime – à partir de positions assez diverses – la mise en tutelle de l’homme par l’homme, et qui a dominé l’Antiquité ; la raison contractuelle moderne, qui au contraire fait procéder toute autorité d’un contrat, et porte en elle la condamnation de l’esclavage ; la raison historique enfin qui adopte sur l’institution esclavagiste un point de vue moralement plus neutre, allant jusqu’à attribuer à l’esclavage un rôle et une utilité sur le long terme.
Jean-Paul Doguet est professeur agrégé de Philosophie en Classe Préparatoire au Lycée Henri IV. Docteur en philosophie, c’est un ancien élève à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Il a publié L’art comme communication, ainsi que la présentation des Réflexions sur l’esclavage des nègres de Condorcet