L’œuvre smithienne puise sa fertilité de son caractère paradoxal où le suivi zélé d’une morale sociale se met au service d’une téléologie éthique. Adam Smith, professeur de philosophie morale, avocat du laissez-faire, directeur de l’administration fiscale écossaise, échappe aux lectures simplistes. Dans la Théorie des sentiments moraux, la “sympathie” structure les préférences humaines à travers la reconnaissance des propres sentiments dans l’image spéculaire de l’autre. Les valeurs communes ainsi codifiées…
Suivi de “Le ghetto de Lodz/Litsmannstadt de 1940 à 1944” de Gustavo Corni. À partir de ses souvenirs et avec l’innocence reconstituée de son regard d’enfance, Roman R. Kent, nous raconte comment une famille juive bascule d’une vie tranquille à Lodz, en Pologne, dans un monde où elle perd tout ce qu’elle possède après l’occupation allemande pour se retrouver enfermée dans le ghetto. Accompagné par une jeune chienne élevée en…
L’œuvre d’Andreas Huyssen est traduite et connue dans le monde entier, ce recueil offre enfin au public francophone un ensemble de ses textes représentatif de sa réflexion sur la mémoire. L’auteur propose une lecture détaillée des œuvres d’Anselm Kiefer, d’Art Spiegelman, W. G. Sebald, il mène une analyse comparée des productions des deux Allemagne et réinterroge les philosophes de l’École de Francfort. L’espace public fait également partie intégrante de ses…
Le concept de “zone grise” a été élaboré et formulé par Primo Levi, notamment dans son ouvrage fondamental, Les naufragés et Les rescapés. La notion désigne en tout premier lieu la zone d’ombre qui sépare les bourreaux des victimes dans les camps nazis. Mais au-delà de cette application, Primo Levi a tenu à préciser que cette notion pouvait être appliquée de façon plus générale aussi bien aux diverses sociétés sous…
F.T. Vischer (1807-1887) a une place ambiguë dans l’histoire intellectuelle de l’Allemagne. Il reste lié dans l’histoire intellectuelle du XIXe siècle allemand à la rédaction d’un monumental traité d’esthétique. En 1835 Il prononce à Tübingen son premiers cours d’esthétique. Le complément qu’il se propose d’apporter à l’esthétique hégélienne consiste alors à montrer que le sublime et le comique ne sont pas des formes historiques transitoires, vouées à une disparition rapide,…
Le cadre invente la peinture et contribue à la naissance d’un concept qui a révolutionné les domaines du religieux, du politique et de l’imaginaire. Consacrés par la maîtrise de la perspective, l’évolution de la position sociale du peintre et les instances de pouvoir, la peinture et ses artifices servent de métaphore à la représentation jusqu’à renoncer devant la photographie. Dès qu’il est devenu un objet autonome, le tableau dans son…
Thomas Schlesser et Bertrand Tillier Aucun peintre, davantage que Courbet, n’a été la cible des illustrateurs et des caricaturistes de son temps : Daumier, Nadar, Bertall, Cham, Le Petit ont multiplié les traits les plus durs et les plus drôles depuis l’entrée fracassante du Franc-Comtois au Salon en 1850 avec son Enterrement à Ornans jusqu’à son engagement dans la Commune qui lui valut la réputation de déboulonneur de la colonne…
On a voulu croquer ici, en trois traits à peine esquissés, la silhouette morale de Giorgio Vasari. Parce qu’il œuvra en cent occasions pour le compte des membres de la famille Médicis, laquelle avait repris la haute main sur Florence par la grâce de Charles Quint, on a pu dire que Vasari a in-carné l’art maniériste sous sa forme officialisée. Parce qu’il a cultivé avec un indéniable succès l’art de…
On ne peut comprendre cette singulière aventure intellectuelle que fut dans l’Allemagne du XIXe siècle, l’histoire de l’art, sans prêter la plus grande attention à l’œuvre de l’un de ses principaux fondateurs, Carl Friedrich von Rumohr (1785-1843). La partie introductive de ses Recherches italiennes intitulée “Economie de l’art”, jamais traduite en français, se veut une définition de l’objet qu’aura à traiter la nouvelle discipline dont Rumohr déduit la nécessité de…
D’aucuns ont dit que le temps est l’espace même de l’art. Mais de quel temps s’agit-il ? Sûrement pas du temps horizontal, de ce temps qui, dans le tissu ordinaire du quotidien, enchaîne mécaniquement les effets à leur cause. Le temps horizontal fait appel à ce qui le nie : le temps vertical, qui est un temps de secousse, de rupture. C’est le temps d’un présent perpétué qui nous offre…