« Qui suis-je ? » : voilà une question bien étrange. La réponse semble aller de soi, pourtant, à un regard plus attentif, elle me projette vers l’identité profonde de l’esprit que je représente, m’incitant à me demander – dans la perspective de l’Être révélé par la pensée métaphysique – comment se reflète dans cet esprit l’essence du principe originaire, comment il est structuré, quelles sont les lois qui le gouvernent et quel est le sens de son devenir. Quelle est la relation qui existe entre l’essence hiératique de l’esprit et la réalité « matérielle » du corps physique ? Les deux formes d’existence (qui s’interpénètrent et se conditionnent réciproquement) sont-elles autonomes ? Et si les structures matérielles s’anéantissent, l’esprit est-il immortel ? Pourquoi le terme « esprit », que j’utilise pour parler de mon être individuel, coïncide-t-il avec le terme par lequel Anaxagore a désigné le principe originaire ? Quelle peut bien être la relation entre mon esprit pensant et l’Esprit universel (car – cela est hors de doute – une telle relation existe et c’est elle qui décide du destin de tout être humain) ? Le champ de la recherche s’ouvre, tout d’un coup, dans toute son étonnante vastitude, et nous invite dans une aventure qui s’annonce pleine de promesses.
Né en 1944 à Timișoara (Roumanie), Corneliu Mircea est Docteur en philosophie et docteur en psychiatrie. Professeur associé de métaphysique à l’Université de l’Ouest de Timișoara ; professeur invité à l’Université de Poitiers (1997). Parmi les livres publiés (en roumain) : Le Livre de l’Être (1980), Être et conscience (1984), Discours sur l’Être (1987), L’éthique tragique (1995), Traité de l’Être (2001), Être et extase (2002), Le Divin (2006) ; (en français) Traité de l’Être (Éditions Kimé, 2015). La 2e édition en roumain du Traité de l’Être a reçu le prix de l’Académie Roumaine.