Penser à mort la vie, quelle qu’elle soit, partout, solitaire comme partagée, dans ses poussées d’énergie et de sexualité, de la veille au sommeil et au rêve. Penser l’existence jusqu’au bout, même le mort dans la mort et dans son espace la résurrection pour y apercevoir dans sa tenue propre l’être cher. Éprouver les séparations comme les partages. Toucher l’autre, être touché par lui, et être habité par le cœur qu’il a donné. Sentir néanmoins l’étreinte de l’union de l’âme et du corps. Travailler, enseigner et écrire à perte de vue, aimer de même. Exister et agir. Garder et protéger la raison, et être ivre d’infini depuis le fond de la finitude. Se défier des significations établies, déjà mortes. Penser désormais le sens qu’il y a, qui est le monde et rien d’autre, au présent, contre toutes les formes de nihilisme.
Telle fut la tâche que se donna le philosophe Jean-Luc Nancy, en grand vivant.
L’ouvrage parcourt son œuvre grâce à des approches successives et des voies souvent moins empruntées, en les accompagnant de souvenirs et de prolongements, par conséquent non pour en faire une fois de plus l’exégèse, mais pour en reconnaître la concrétude, et pouvoir ainsi, qu’il s’agisse des grandes comme des petites choses, s’il y en a, approcher de ce que être homme, philosophe et penser tout ensemble veulent dire.
André Hirt a enseigné la philosophie en khâgne. Il a publié de nombreux livres portant sur le croisement entre la littérature, l’art et la philosophie. Il a écrit le premier livre en français sur Philippe Lacoue-Labarthe (Un Homme littéral, Kimé, 2009). Dernièrement, il s’est consacré à plusieurs livres sur la musique ainsi qu’à un ouvrage portant sur l’art et l’existence (Articulations de l’existence, Kimé, 2023).