Quand il écrit les Pensées, Pascal est persuadé d’accumuler les arguments les plus irréfutables en faveur de la foi chrétienne, d’accabler l’incrédule sous un faisceau de preuves indubitables, aussi diverses que convergentes, de l’acculer à reconnaître, s’il est raisonnable et de bonne foi, que seule la doctrine chrétienne peut expliquer le mystère de notre condition. Or par les continuelles contradictions dans lesquelles il tombe, Pascal ne cesse de ruiner l’explication qu’il propose. Les preuves historiques qu’il prétend ensuite apporter à l’appui de la solution chrétienne ne font que souligner le caractère historique et humain de la religion qu’il prétend éternelle et divine. Au total, si la lecture des Pensées est assurément de nature à convaincre de la misère de l’homme ceux qui n’en seraient pas déjà convaincus, c’est peut-être la misère de l’apologiste qui nous en convainc le mieux. Car c’est lui, bien plutôt que l’incrédule, qui refuse de regarder notre condition vraiment en face, préférant se raccrocher à des sornettes anachroniques et se consoler avec des fariboles infantiles.
Au-delà de la profonde absurdité de l’apologétique pascalienne, c’est celle de la foi chrétienne elle-même que la logique imparable de René Pommier fait éclater avec une rigueur implacable qui ne sera assurément pas du goût de tout le monde.
Agrégé des Lettres ancien élève de l’École Normale Supérieure (Ulm), Docteur d’État, Maître de conférences honoraire à l’université de Paris-Sorbonne, René Pommier a reçu en 1978 le prix de la Critique de l’Académie française pour Assez décodé !, en 2007 le prix Alfred Verdaguer de l’Institut de France pour l’ensemble de son œuvre, et en 2008 le prix Joseph Sailllet de l’Académie des Sciences morales et politiques pour Sigmund est fou et Freud a tout faux.