Quelle place la philosophie occidentale a-t-elle ménagé aux animaux ? Ce livre se propose de mettre au jour les impasses auxquelles conduisent tant les conceptions qui opposent que celles qui confondent l’homme et l’animal. Ce point de départ fait d’autant mieux apparaître la rupture qu’opèrent les approches phénoménologiques, mais aussi celles qui à certains égards s’y apparentent.
Au vingtième siècle, le regard porté sur le comportement animal devient central, notamment chez Merleau-Ponty et Buytendijk. N’est-il pas en effet la manifestation la plus haute de la vie, puisqu’il en exprime la liberté ? Ce dernier point constitue le nœud d’un débat qui oppose le béhaviorisme et la phénoménologie. Aussi, plusieurs grands théoriciens de la biologie de la première moitié du vingtième siècle comprirent-ils la nécessité d’importer dans le champ de leur discipline des concepts philosophiques, comme le monde, le sujet, le sentiment de soi, l’intentionnalité, la disposition affective, sous peine de manquer à jamais le véritable objet de leur investigation : la spécificité du comportement. Celle-ci aura été prise en vue jusque dans la vulnérabilité de ses structures, conduisant Henry Ey à forger le concept de » psychiatrie animale « .
Florence Burgat, philosophe, est chercheur à l’INRA. Elle a notamment publié Animal, mon prochain, éditions Odile Jacob, 1997, prix de l’Académie française.