L’écriture de l’art dans le discours philosophique
Après les Grecs, les questions esthétiques ont longtemps été subordonnées à la théologie. Il faut attendre le XVIIIe siècle pour voir surgir une nouvelle philosophie de l’art, sous la forme de considérations d’allures esthétiques cherchant à s’émanciper de la théologie. Ce retour du discours philosophique à l’art est contemporain de la naissance de l’esthétique, et de la crise moderne ouverte par Kant : celle de la scission entre l’être du sujet et sa pensée (sa conscience).
Ce livre cherche les traces de l’effraction esthétique de l’art, dans le discours philosophique, en lisant à rebours les philosophes de la première et de la seconde modernité (Kant et Nietzsche), ceux de la dernière modernité (Benjamin, Adorno), ceux d’après la fin de la modernité (Merleau-Ponty, Foucault, Derrida), et de la postmodernité (Lyotard, Rancière).
Comment ces philosophes ont-ils laissé s’inscrire, parfois à leur insu ou à leur corps défendant, l’écriture moderne de l’art, la césure, la fragmentation, le morcellement venus de l’Autre, de l’inconnu, de l’inconscient ? Comment l’effraction esthétique atteint-elle la sensibilité et la pensée, jusque dans leurs conditions de possibilité et leurs limites ?
Marc Goldschmit est professeur agrégé de philosophie, habilité à diriger des recherches, ancien Président et Directeur du Collège International de Philosophie. Il a notamment publié : La vie sans appui. Penser à la limite de la théologie et de la religion (Kimé, 2023), La littérature, l’autre métaphysique (Manucius, 2020), Sous la peau du langage. L’avenir de la pensée de l’écriture (Kimé, 2020), Jacques Derrida, une introduction (Agora-Pocket, 2003).