PARCOURS PHILOSOPHIQUE EN DÉBAT AVEC PAUL RICŒUR
Dans la crise mondiale, écologique et économique, sociale et politique que nous traversons, la coexistence juste et pacifique des hommes devient un enjeu crucial. L’ampleur des crimes commis au 20e siècle pourrait laisser sceptique quant à notre capacité à relever un tel défi. Pourtant, ce même siècle a vu surgir un recours nouveau : le pardon. Jusque-là privilège de la conscience religieuse individuelle, il s’est invité au plan politique, avec succès. Depuis 1950 en effet, de nombreux pays ont recouru au pardon pour constituer un espace politique durable là où des violences destructrices avaient dominé. Trois cas attirent l’attention : l’Europe, les Commissions vérité et réconciliation et les instances juridiques internationales. Les contours d’un pardon politique se dessinent. En retour se pose la question de sa réception par chacun. La phénoménologie est convoquée : elle conduit à une distinction radicale entre coupables et victimes, privilégiant parmi elles les plus fragiles. L’herméneutique prend alors le relai d’une anthropologie devenue aporétique, esquissant avec le pardon, le geste par lequel l’homme advient. Dans ce parcours, Paul Ricœur, interlocuteur privilégié, sera rejoint par d’autres : Jean Monnet, Maïti Girtanner, Hannah Arendt ou Simon Wiesenthal.
Guilhem Causse, Jésuite, Docteur en philosophie, enseigne au Centre Sèvres, Facultés jésuites de Paris. Il donne le cours d’herméneutique et des séminaires et ateliers sur la pensée de Paul Ricœur. Ses travaux le conduisent aussi en Chine, entre pratique de la calligraphie et réflexion sur quelques aspects de la philosophie chinoise, autour de la thématique du pardon et du rapport entre herméneutique et forme d’écriture.