En ce début du XXIe siècle, l’attitude écologiste n’est plus une option facultative, mais le fondement même de toute politique qui voudrait pouvoir se regarder en face. Rarement se sont déchaînés avec une telle violence – changements climatiques, erreurs humaines, intentions perverses des États ? – les attaques contre la nature. Les forêts ancestrales, et leur « internet » hypersophistiqué, brûlent, et les rares peuples traditionnels qui demeurent y perdent leur culture, leur habitat, leur vie. J’ai voulu savoir plus précisément d’où venait ce qu’on est contraint d’appeler une « haine de la nature ». Comme Phèdre, la terre pourrait se plaindre : « Mon mal vient de plus loin ». Le problème écologique n’a pas commencé vers les années 1830, après cet accord splendide entre villes et nature que décrivent les Carnets de voyage de Turner en France. À consulter l’Histoire, l’ethnographie, la philologie, l’histoire des religions, j’ai pu faire l’hypothèse d’une attaque concertée, des millénaires avant notre ère, de la culture humaine contre la nature. C’est cette agression millénaire, féroce mais dont il faut deviner les traces, tant elles ont été effacées jusqu’à notre époque où tout se révèle au plein jour, que je décris ici.
Arnaud Villani
Après avoir enseigné de nombreuses années la Philosophie en Classe Préparatoire Littéraire à l’Ecole Normale Supérieure (Lycée Masséna, Nice), Arnaud Villani, agrégé de Lettres Classiques et de Philosophie, Docteur d’État, auteur de nombreux ouvrages, s’est retiré dans le Gard où il se consacre à l’écriture, poétique et philosophique.