Exister, c’est articuler une forme, à tous les moments de la vie. Ainsi : naître et mourir, souffrir et jouir, être jeune et vieillir, subir le handicap, travailler et parler en sont quelques expressions fondamentales. Toutes sont en vérité de l’art. Non pas l’art d’exister ou de décréter la signification de l’existence, surtout pas, mais celui de rendre l’existence possible à travers les aléas de sa désarticulation au demeurant insurmontable. Car si tous les hommes sont artistes par la nécessité de trouver une forme, si chacune est bien un absolu, en revanche aucune ne peut être vécue ou considérée comme définitive.
Il faut donc retourner au mot d’existence pour y voir autre chose qu’un « projet », une recherche d’authenticité ou de bonheur, mais des états organisés par chacun, composés et peints par certains, racontés aussi par d’autres, parfois au risque de la folie, qui décrivent un « autre état » ou une « existence poétique ». L’articulation de l’existence est cette aventure infinie dans laquelle elle se traduit.
Philosophes (Rousseau, Hegel, Heidegger, Deleuze, Derrida, Lacoue-Labarthe), psychanalystes (Freud, Theodor Reik), poètes (Hölderlin), peintres (Hélène Schjerfbeck), musiciens (Robert Schumann, Robert Wyatt), personnages (le Lenz de Büchner), écrivains (Goethe, Robert Musil, Marcel Proust, Elie Wiesel) sont autant de créateurs de formes pour dire non pas comment il faut exister, mais les conditions de l’existence. C’est à travers ces formes que s’ouvre à chaque fois du sens.
André Hirt a enseigné la philosophie en khâgne. Il a publié de nombreux livres portant sur le croisement entre la littérature, l’art et la philosophie. Dernièrement, il s’est consacré à plusieurs livres sur la musique.