Il est souvent brossé d’Auguste Comte (1798-1857) un portrait scolaire qui ne rend pas justice au fondateur du positivisme. Créateur de la sociologie moderne, il tenta d’abord de reconstruire la notion de philosophie politique, argumenta son adhésion à la République, plaida pour une « incorporation politique du prolétariat », avant de développer sa grande idée de la politique comme religion séculière et foi laïque. Il développa alors ses thèses sur la séparation des deux pouvoirs (spirituel et temporel) et l’organisation de la société, avec notamment le rôle de prêtresses de l’humanité dévolu aux femmes.
Juliette Grange commente surtout des extraits du Système de politique positive, un ouvrage de deux mille pages paru en quatre tomes (1851-1854). Comte y propose un traité de politique qui rénove entièrement le sujet du point de vue philosophique et entend fonder une science politique. Aussi envisage-t-il tous les aspects de la vie politique d’une manière beaucoup plus approfondie que les travaux de philosophie politique classiques, avec des considérations sur l’industrie, la propriété, la politique internationale, la vie quotidienne, la guerre, la presse, l’art ou encore la famille…
Juliette Grange, agrégée de philosophie, docteur d’État, est professeur émérite de philosophie à l’université de Tours, membre de l’unité de recherche interdisciplinaire ICD. Elle est notamment l’auteur de La Philosophie d’Auguste Comte. Science, politique, religion (PUF, 1996).