Livre I : une comparaison à risques
Dans ce livre Gilles Mayné prolonge les préceptes mis en lumière par Victor Klemperer dans son LTI, La langue du IIIe Reich (1947), livre unique par son érudition de « philologue apolitique », et de Juif ayant échappé d’extrême justesse à la déportation, – pour établir un parallèle entre la LTI de l’époque et le « capharnaüm d’emprunts démagogiques » qu’est devenue notre novlangue postmoderne décomplexée et « multidéculturée ».
Nazisme et postmodernisme : Gilles Mayné pointe les redoutables similitudes entre les deux régimes. Car si la LTI frappe par sa rigidité quand la novlangue actuelle le fait par son caractère liquide ou ductile, une fois regardé de près, dans les deux, seul le curseur (entre hard et soft) varie. Les deux ingénieries verbales s’appuient sur un processus de brouillage conceptuel élaboré n’ayant pour but que de captiver et de capturer les affects au détriment de l’intellect, vomi par les nazis, vanté sans mesure par Emmanuel Macron, qui se contente de faire rutiler une géométrie variable de clichés rétropédalistiques qu’il impose « en douce et en douceur », « collectivement » et en toute « transparence »…
Au fil des pages, Georges Bataille, Tocqueville, Jean-Michel Heimonet pour la philosophie, Lionel Richard et Johann Chapoutot pour l’histoire, George Orwell et Thomas Mann pour la littérature viennent parmi beaucoup d’autres, compléter ses analyses, dont Victor Klemperer reste de bout en bout le fil rouge.
Gilles Mayné, Professeur de littérature américaine à l’université Jean Monnet de Saint-Étienne, a enseigné plusieurs années aux États-Unis.