Politique hors-champ se présente comme une critique de la politique considérée comme un champ particulier et séparé de la vie sociale. La thèse développée est que limiter la politique à ses moments institutionnels est un appauvrissement de ses potentialités, incompatible avec toute politique d’émancipation.
Cela conduit l’auteur à critiquer certains des concepts les plus habituels de la théorie politique : ainsi la « société civile », qui suppose une « société politique » distincte et refermée sur elle-même ; ainsi les « partis », qui tendent à s’approprier l’action politique au détriment de la masse des citoyens ; ainsi, même la « démocratie », considérée comme un type d’institutions distinctes de la société elle-même et dès lors insensibles à ses contradictions, qui pourtant les traversent et les travaillent.
Un long chapitre propose de suivre le parcours de l’idée de la politique dans le travail d’un certain nombre d’auteurs classiques, de Machiavel à Marx, montrant comment s’enracinent les thèses proposées dans l’analyse de certaines intuitions, certains développements, voire certaines impasses de ces auteurs.
Différentes époques de l’histoire et différentes disciplines du savoir sont mobilisées, de l’Antiquité classique à la Révolution française ou la Révolution russe, et de l’anthropologie à la sociologie ou la philosophie.
L’ensemble constitue un tout à la fois cohérent et ouvert. Moins que d’apporter des réponses aux questions classiques de la théorie politique, l’auteur entend susciter le débat par un éclairage neuf sur ces questions.
Économiste et juriste, Laurent Lévy a publié Le Spectre du communautarisme aux éditions Amsterdam (2005), et “La Gauche”, les Noirs et les Arabes aux éditions de La Fabrique (2010).