Sous la direction de Christophe David et Karin Parienti-Maire
Le projet de ce numéro de Tumultes est donner une vision d’ensemble du parcours de Günther Anders (1902-1992). Après un examen des origines phénoménologiques de la pensée de cet ancien étudiant de Husserl et de Heidegger, on plonge dans le vif du sujet avec sa philosophie pratique. Anders déclare l’éthique infondable et se présente comme un moraliste, c’est-à-dire comme quelqu’un qui étudie les mœurs de son époque. N’hésitant pas à « déserter la théorie », ce moraliste qui est aussi indissociablement un militant finit, après la catastrophe de Tchernobyl, par pousser la question de l’action aux limites de la morale en légitimant le recours à la violence… On examine ensuite ce qu’Anders a dit du « monde des hommes » (n’est-il pas, à sa façon, un humaniste ?) et du « monde des appareils » (à travers des questions comme celle de l’influence de la technique sur la psychologie des hommes ou celle du rapport d’Anders à la cybernétique). Le numéro s’achève sur une série d’articles mettant la pensée d’Anders à l’épreuve de notre monde (et réciproquement) sur diverses questions (féminisme, mondialisation, nucléaire, etc.). Au fil des articles sont également précisés les rapports qu’entretient la pensée d’Anders à celles d’Arendt, Adorno, Bloch ou Jungk.