Les mythes nous racontent comment nous avons perdu ce que nous n’avons jamais possédé (un objet « total » aux propriétés merveilleuses) à la suite d’une « faute originelle » qui constitue une impossibilité logique, puisqu’en l’absence de loi aucune faute ne peut être commise. L’étrangeté et l’universalité de ce scénario de base du mythe d’origine révèlent la dualité du sujet humain, qui est à la fois le sujet du fantasme et le sujet social. En articulant les contenus en une structure élémentaire de signification, le récit mythique fournit au sujet un code qui lui permet de ne pas éclater en deux entités distinctes.
Richard Pottier est professeur à l’Université de Lille I.