L’auteur prend son point de départ dans sa conviction du caractère central, encore de nos jours, de la notion de sacrifice, pour archaïque voire désuète qu’elle puisse paraître à un esprit occidental. Or au sein même de l’Occident, elle s’avère vivace dans les pratiques (cacher et halal) des monothéismes juif et musulman. Elle reste centrale, au moins métaphoriquement et théologiquement, dans le christianisme. Mais il s’agit également de s’interroger sur l’éventuelle permanence d’un élément sacrificiel hors rituel, à la fois sourd, obscur et plat, dénué de toute opérativité positive, celui de l’abattage industriel et de la nourriture carnée, banalement et excessivement consommée aujourd’hui. Le point essentiel est que la « question » des animaux n’est pas un « à côté » ou un « en dehors » de l’humain, mais qu’elle lui est consubstantielle. Ce n’est donc pas non plus un « hors politique », et ce, à bien des titres. Les économies modernes regorgent de pratiques perverses et mortifères à court terme comme à long terme. Il faut poser le défi : quelle société voulons-nous pour vivre en paix non seulement entre humains mais entre « animaux humains » et « animaux non-humains » ?
Normalienne, agrégée et docteur en philosophie, Françoise Armengaud a enseigné la philosophie du langage et l’esthétique à l’Université de Paris X. Ses recherches portent sur la littérature, la relation du texte à l’image, les représentations de l’animalité dans la culture et les relations des humains aux animaux. Elle a déjà publié aux Éditions Kimé L’art d’oblitération – Essais et entretiens sur l’œuvre de Sacha Sosno, et Lignes de partage. Littérature/Poésie/Philosophie.