« Signora Auschwitz » est le nom qu’une lycéenne donne à Edith Bruck lors d’un de ses témoignages. Edith Bruck fait ici le récit de sa vie de rescapée et de témoin du génocide des Juifs. Elle raconte la douleur autant morale que physique née de deux aspirations apparemment contradictoires qui la tiraillent. D’un côté, témoigner pour se libérer en rendant justice aux victimes de la Shoah. De l’autre, ne plus parler d’Auschwitz pour tenter de revenir à une normalité pourtant défi- nitivement perdue au camp. Tous les thèmes centraux liés au mal-vivre du sur- vivant sont abordés : la perte irréparable des proches et du monde de l’enfance, l’incrédulité des auditeurs, l’impossibilité de transmettre la réalité d’Auschwitz et l’éloignement irrémédiable de cette expérience, le rôle et la place du témoin et la fatigue qu’Edith Bruck ressent face aux « jeunes », fatigue que son ami Primo Levi avait déjà exprimée.
Signora Auschwitz bouscule l’image trop souvent naïve d’une mission juste et sage de témoigner.
Edith Bruck, née en Hongrie en 1932 au sein d’une famille juive très pauvre, a été déportée à Auschwitz à 12 ans. Après des années d’errance en Europe et en Israël, elle s’installe à Rome en 1954. Son œuvre narrative, autobiographique et poétique, est traversée par l’expérience de la violence génocidaire.