La bande dessinée est sans doute encore considérée par une frange importante de la population comme un art mineur destiné à distraire la jeunesse. Dégagée des contes illustrés du XIXe siècle et des images d’Épinal, elle s’épanouira cependant rapidement au cours des ans, bénéficiant d’une diffusion croissante via les quotidiens, les hebdomadaires et les albums. Aujourd’hui, ce mode d’expression affiche une santé extraordinaire avec entre autres plus de 3.000 nouveautés francophones publiées chaque année. La bande dessinée est donc devenue un extraordinaire moyen de communication, considérée tantôt comme un produit de consommation culturelle, tantôt comme une forme d’art à part entière.
Face à cet envol quantitatif et qualitatif du « 9e art », la question qui traverse ce dossier consiste à examiner et à interpréter les liens entre bande dessinée, histoire et mémoire. Nous nous interrogerons notamment sur le rôle que joue et jouera la bande dessinée dans le cadre de la représentation des camps, des crimes et génocides nazis et des génocides du XXe siècle. Les réflexions s’articuleront autour de deux axes majeurs : le premier porte sur l’action de la bande dessinée à l’époque même du nazisme, où le médium vivait son premier « âge d’or » ; le deuxième se focalise sur la façon dont la bande dessinée contribue à donner forme à la mémoire historique et culturelle des génocides.
Dossier coordonné par Fransiska Louwagie et Daniel Weyssow