A la mode au XIXe siècle, devenu argument publicitaire au siècle suivant, l’anticonformisme apparaît à Maupassant comme le gage de la modernité et de sa réussite littéraire. Il est synonyme d’individualisation dans la création artistique et de singularité de l’œuvre en un temps où l’autonomisation de la littérature a réduit à néant les prétentions didactiques du texte et le rôle de maître à penser de l’écrivain.
Avec ses contes et ses nouvelles, avec ses chroniques aussi, Maupassant se fait le chantre d’une écriture de la polémique. Corrosif et dérangeant, il s’attaque à tous les sujets qui posent problème dans une société aux fortes règles morales. Des questions de la sexualité et de la femme à celles de la politique et de la littérature, en passant par la remise en cause des grandes valeurs fondatrices telles la famille et la religion, Maupassant bouleverse toutes les opinions reçues. Pessimiste jusqu’au nihilisme, amorale plus qu’immorale, son œuvre dénonce sans rien proposer.
Maître de conférences en littérature française, agrégé ès lettres, Thierry POYET enseigne à l’Université Blaise-Pascal (Clermont-Ferrand). Ses recherches, consacrées à la correspondance de Flaubert, l’ont conduit à travailler souvent sur les grands confrères du « Patron » dont Sand et, bien sûr, Maupassant. Il vient de rééditer Les Force perdues de Maxime Du Camp.