Marchands et comédiens ambulants, colporteurs, bateleurs et baladins, ces figures itinérantes ont en commun de se définir essentiellement par les jambes et la voix. Elles inspirent une exploitation littéraire de l’oralité et une mise en scène du corps. Elles excitent aussi l’imagination visuelle, à travers l’inventaire des marchandises variées, la vive apparition d’objets, l’évocation des tours d’adresse. Outre la description pittoresque s’expriment parfois l’empathie pour les petits métiers et l’intérêt pour la culture populaire. La déambulation dans la ville se fait également exploration de la mémoire et voyage dans le temps.
Les représentations littéraires oscillent entre le croquis expressif, la sourde inquiétude devant l’altérité du nomadisme ou la séduction de l’habileté, et l’exaltation d’une liberté fantasmée de l’errance. Car souvent la déambulation est présentée comme force motrice de questionnement et de franc-parler, mobilité de l’esprit lui-même.
Le parcours proposé dans cet ouvrage examine divers lieux, époques et langues : textes latins, littératures germanique (Hans Sachs) et italienne (comédies de Giovanni Bricci, romans de Dino Terra), domaine français (histoires comiques du xviie siècle, Marmottes et Savoyards dans le Paris des Lumières, pamphlets et presse sous la Révolution), jusqu’à Cette chose étrange en moi d’Orhan Pamuk.
Avec les contributions de François Bouchard, Florent Gabaude, Élisabeth Gavoille, Alexandru Matei, Françoise Poulet, Massimo Scandola, Yannick Séité, Jean-Jacques Tatin-Gourier.
Ces travaux sont publiés sous la direction de Élisabeth Gavoille, professeure de langue et littérature latines, et de Stéphanie Carrez, maître de conférences en études américaines, toutes deux de l’unité de recherche interdisciplinaire « Interactions culturelles et discursives » à l’Université de Tours.