Traduction de Patricia Amardeil
Lettre à ma mère, initialement paru en Italie en 1988, réunit deux récits, « Lettre à ma mère » et « Traces ». Le premier correspond au genre de la lettre adressée, en l’occurrence, à la mère d’Edith Bruck qui n’a pas survécu à sa déportation à Auschwitz. Ainsi, des années après, dans un dialogue fictif avec sa mère, l’auteure revisite sa vie d’« avant », l’épreuve même de la déportation et ses tentatives de reconstruction psychologique après avoir survécu. La disparition de sa mère n’a en rien apaisé leur relation conflictuelle qu’Edith Bruck livre avec une émotion sans complaisance avec elle-même. Edith Bruck n’élude aucune question pour interroger le passé, pour retrouver le fil de son enfance misérable, source d’une nostalgie exacerbée par la brutalité de la séparation et de l’assassinat de sa mère dans une chambre à gaz. Dans « Traces », Edith Bruck entreprend un voyage en Allemagne, à la recherche de la mémoire de son père, mort à Dachau, et des empreintes laissées par le nazisme sur les Allemands. Son récit aborde de front la question du pardon et revient régulièrement sur sa relation avec Primo Levi dont elle est restée proche jusqu’au suicide de ce dernier.
Edith Bruck, née en 1932 en Hongrie au sein d’une famille très pauvre, a été déportée à l’âge de 12 ans. Après avoir survécu, elle s’établit provisoirement dans plusieurs pays jusqu’en 1954 où elle se fixe définitivement à Rome. Son œuvre narrative, autobiographique et poétique est traversée par l’expérience de la Shoah. Elle obtient le Prix Rapallo Carige per la donna scrittrice en 1989 pour Lettre à ma mère.