La solution de la tragédie sud-africaine passe par la négociation entre les parties adverses. Encore fallait-il que les conditions mûrissent pour qu’elle fût acceptée en Afrique du Sud, et qu’elle fût portée par des hommes politiques d’envergure. C’est la tâche que se sont fixés Nelson Mandela et F. W. de Klerk depuis la fin de l’année 1989. Un processus complexe de transition est désormais à l’œuvre dans le pays. En France, cette œuvre est difficilement compréhensible car nous sommes habitués aux discours stéréotypés sur l’apartheid. Dès 1985, en raison de la nouvelle sensibilité internationale aux sanctions, il était possible de voir que les conditions d’une transition n’avaient jamais été si favorables depuis l’intervention du pouvoir nationaliste en 1948.L’auteur montre ainsi que l’initiative commune Mandela – de Klerk vient couronner une transformation en profondeur de la société d’apartheid. L’exercice politique en cours n’a pas de précédent et offre un intérêt majeur : son enjeu essentiel est l’institution d’un système démocratique et d’une entité nationale à partir de l’accord passé entre des communautés ethniques et culturelles aux origines très contrastées. Les questions à résoudre sont immenses, et les dangers de dérapage effrayants.
Jean-Claude Barbier est responsable d’un service d’études et de statistiques dans la fonction publique. Il enseigne à l’université de Paris VII-Jussieu. Il suit les questions sud-africaines depuis plus de vingt ans. Il a publié en 1986, aux éditions La Découverte, Sanctionner l’apartheid, en collaboration avec O. Désouches.