L’origine de l’affinité qui lie Benjamin à Proust est à rechercher dans leur théorie du langage. Tous deux refusent de partager une conception linguistique qui pose le principe de l’arbitraire du signe. Benjamin tend vers une « Ursprache » émanation du langage divin. Proust fait du Nom l’objet même de la quête du roman. Cette conception mystique du langage attire Benjamin vers La Recherche, dont il traduit la moitié vers la fin des années 20. On étudie ici de manière détaillée cette traduction, la confrontant avec la théorie de son auteur telle qu’il l’expose dans « la tâche du traducteur ». L’intérêt de Benjamin pour la vie et l’œuvre de celui qu’il a ainsi rencontré la plume à la main se retrouve dans tous ses écrits ultérieurs.
Robert Kahn, ancien élève de l’E.N.S. de Saint-Cloud, agrégé de Lettres Modernes, docteur en littérature générale et comparée de l’Université de Paris III, a traduit les « Notes préparatoires sur Proust » et le « Journal Parisien » de Walter Benjamin.