Gérard de Nerval enchante bien des cœurs par son écriture poétique.
Certes, sa folie et son goût hors du commun pour les vagabondages aussi diurnes que nocturnes devaient l’égarer dans sa vie, et on aime bien les anecdotes comiques ou tragiques qui parsèment ses écrits ainsi que ceux de ses amis et connaissances. Mais, même si quelques mythes littéraires comme celui de Jenny Colon ou du fol délicieux se sont cristallisés autour de lui pour amorcer l’attention de certains lecteurs, son charme particulier ne se crée qu’à travers le parfum de sa poésie.
Où est la poésie de Nerval ? Voilà la question que je me pose à la suite de Nerval lui-même : « On dira que nous ne savons écrire qu’en prose. – Mais où est le vers ? … dans la mesure, dans la rime – ou dans l’idée ? » Cette interrogation a mené notre poète à ses tentatives de renouvellement de la poésie française, et les œuvres composées dans ses dernières années : Sylvie, Promenade et Souvenirs ou Aurélia, sont les fruits de ces recherches menées toute sa vie littéraire durant depuis sa traduction du Faust de Goethe en 1827.
Hisashi Mizuno, professeur de littérature française à l’université Kwansei Gakuin au Japon et spécialiste de Gérard de Nerval. Auteur de “Nerval L’écriture du voyage” (Champion, 2003) et co-éditeur de “Quinze études sur Nerval et le romantiste” (avec Jérôme Thélot, Kimé, 2005), il travaille également sur les influences réciproques des littérarures française et japonaise, dont un des fruits est la publication de l'”Alchimie du verbe: Villon, Rimbaud et Nerval dans la littérature japonaise moderne” (Kasama Shoin, 2012).