Les puissances du non- sont diverses, philosophiques ou non-philosophiques. Il faut sortir de la critique artistique de type philosophique, pour entrer dans une autre, de type chaotique, qui admette le paradoxe… Un premier pas conduit ainsi dans la créativité au plus proche de l’œuvre elle-même, dans ce domaine du “non” stanislavskien, baudelairien ou bachelardien, enfin restitué à eux-mêmes. L’idée d’une généralisation particulière et descriptive, extra-différentielle, hante l’art et ses marges comme elle habite la philosophie. Elle est conduite ici à une certaine limite, dans des exercices de pragmatique combinatoire. Un des axiomes premiers de non-esthétique est la possibilité de considérer l’œuvre comme un ensemble chaotique recombinable. C’est une liberté nouvelle par rapport à toutes les catégories qui meurent à présent au cœur de l’art lui-même. Il est possible également, et c’est un autre axiome fondateur, d’envisager un devenir théorique illimité de la pensée de l’art au travers de non-esthétiques générales qui n’obéiront plus au Principe de Philosophie Suffisante ni même au Principe d’Art Suffisant. Tout peut se dire, ainsi ou autrement, mais jamais définitivement. La non-esthétique générale Laruellienne ou de type non-philosophique, inclut toutes les autres non-esthétiques dans une ouverture plus grande.
Docteur en philosophie, Gilbert Kieffer est actuellement professeur de lettres; il est également peintre et graveur.