Auteur d’une thèse sur Saint-Just, représentant en mission (1976), et de deux ouvrages consacrés aux enjeux socio-économiques de la Révolution française (1997 et 2000), Jean-Pierre Gross nous présente ici l’aboutissement de ses réflexions sur le libéralisme égalitaire hérité des Lumières, projet de société mettant en valeur la liberté au même titre que l’égalité, et qui fut mis à l’essai sous la première République. Implicites dans cette démarche, un constat : être pauvre, c’est non seulement manquer de pain, mais aussi être privé de liberté ; et une promesse, celle d’accéder à la capacité d’en jouir, grâce aux droits de l’homme et du citoyen.
Jean-Pierre Gross s’oppose dans ces pages à ceux qui voudraient faire croire que l’expérience jacobine soit le terreau sur lequel ont fleuri les totalitarismes du xxe siècle. Il nous montre, au contraire, que le projet politique avait pour objet non d’imposer l’égalité par la force, mais de réduire les inégalités dans une société soumise à l’économie de marché et attachée à la défense de la propriété privée. On a trop souvent oublié que Jean-Jacques Rousseau, dans son Contrat social, avait lui aussi privilégié la liberté comme « fin de tout système de législation ». Ainsi, les enjeux d’une époque révolue demeurent encore d’une étonnante actualité dans nos sociétés mondialisées vouées au néolibéralisme.
De double nationalité franco-britannique, Jean-Pierre Gross a été éduqué à Londres (Westminster) et à Oxford (Queen’s College). Il prépare ensuite sa thèse d’histoire à la Sorbonne sous la direction de Marcel Reinhard et d’Albert Soboul. Il poursuivra une carrière de fonctionnaire international en Afrique et Amérique latine, puis au siège de l’Alliance atlantique à Bruxelles. Sans pour autant négliger ses recherches d’historien, qui l’amènent à approfondir l’action de plusieurs hommes politiques de la période révolutionnaire.