Introduction et notes par Thierry Poyet
Quand Ernest Feydeau publie Daniel, son deuxième roman, en 1859, il est devenu un ami proche de Flaubert. À ses côtés, alors qu’il a fortement concurrencé Madame Bovary avec Fanny, il réfléchit à l’avenir du roman, entre inspiration romantique et mode réaliste, goût pour le mélodrame et refus d’une écriture facile.
Daniel qui rencontre vite le succès, est un beau roman d’amour impossible. En plaçant face-à-face un homme trompé, qui a répudié son épouse, et une jeune fille idéale, qui rêve de sentiments purs et nobles, Feydeau brosse le tableau d’un monde ravagé par la matérialité du siècle. Ses personnages, romanesques à souhait, incarnent un temps révolu qu’on ne voudrait pas savoir déjà disparu.
George Sand a raison d’y lire « un grand et beau livre », celui d’un écrivain que la postérité a oublié, rangé trop précipitamment dans la catégorie des minores quand son œuvre interroge avec acuité le monde et la littérature qui le représente.
Maître de conférences HDR, Thierry Poyet a beaucoup publié sur l’œuvre et la correspondance de Flaubert. Ses travaux, aujourd’hui, s’orientent davantage du côté des écrivains mineurs qui ont entouré le Maître, Maxime Du Camp, Louise Colet et donc Ernest Feydeau. Il est notamment l’auteur de La gens Flaubert.