Précédé de conversations avec Malraux
De Malraux ministre, on a beaucoup écrit. De l’anti-ministre au ministre du verbe, qu’est-ce qui n’a pas été dit ? Peu ont mis l’accent en revanche sur la spécificité de la fraternité de la culture, qu’il fut le premier à propager comme ministre. A propos de son action et du rôle dévolu aux maisons de la culture, il disait clairement : “L’Université est ici pour enseigner. Nous sommes ici pour enseigner à aimer.” C’est à travers une présentation générale de sa politique culturelle, de sa vision de l’architecture, de son art des commémorations nationales et des grandes causes patrimoniales internationales, – dont il se sera fait le chantre, le rhapsode, des décennies avant la création du label “patrimoine mondial de l’humanité” accordé par l’Unesco aussi bien à des sites exceptionnels qu’à des patrimoines immatériels – mais également de son dialogue permanent avec les plus vieilles civilisations d’Asie, que je veux montrer combien le ministre André Malraux fut celui qui incarna plus que tous les autres (à l’exception sans doute de Jack Lang ?), ce que j’appelle “la fraternité par la culture” ou “la fraternité culturelle”.
Michaël de Saint Cheron, spécialiste reconnu depuis trente ans d’André Malraux, est chercheur à l’UMR “Ecritures de la modernité”, Paris 3-Sorbonne nouvelle/CNRS, et Secrétaire général de l’association “Présence d’André Malraux sur la toile”. Il est chargé de la valorisation du patrimoine à la Direction régionale des Affaires culturelles (Ministère de la Culture). Auteur de plus de vingt livres dont plusieurs sur Malraux et Elie Wiesel, ainsi que d’une autobiographie spirituelle remarquée Sur le chemin de Jérusalem (Parole et Silence, 2006), ses récents Entretiens avec Emmanuel Levinas (Livre de Poche), sont déjà traduits en plusieurs langues.