Cette étude procède d’une interrogation sur le geste presque anodin mais néanmoins persistant qu’est la dédicace dans notre culture littéraire. Dédier une œuvre, c’est avant tout s’acquitter des circonstances qui l’ont autorisée. Par l’offrande qu’un auteur fait à l’ami, au parent, au maître, au mécène ou peut-être à nous-mêmes, lecteurs, l’écriture reconnaît quelle est fragile, mortelle, et qu’elle a des comptes à rendre. Mais il faut se garder de prendre l’hommage dédicatoire pour argent comptant. Sous l’Ancien Régime, les auteurs les plus habiles savaient tirer de leurs dédicaces des effets de sens aussi audacieux qu’insoupçonnés. Ainsi se jouait on de certains lecteurs pour mieux en courtiser d’autres. La démarche de l’auteur, qui réintègre ici les Essais de Montaigne, le Roman comique de Scarron, et Les Bijoux indiscrets de Diderot, permet de saisir ce qu’en son temps, leur écriture avait de plus novateur.
Lorraine Piroux a fait des études de lettres à Northwestern University, en Illinois, où elle à obtenu un Doctorat (PH. D.) de littérature française. Elle vit actuellement aux Etats-Unis et enseigne à l’Université du Nouveau Mexique.