Nietzsche a-t-il été influencé, dans sa critique de l’Etat et de l’égalitarisme, par Max Stirner? Stirner peut-il être considéré (sous certaines réserves) comme un précurseur de Nietzsche? L’anarchisme individualiste de Stirner (variante la plus extrême et peut-être la plus atypique du mouvement anarchiste du XIXe siècle) communique-t-il, par des ramifications plus ou moins souterraines, avec l’individualisme nietzschéen et sa volonté « nihiliste » de renversement de toutes les valeurs? Le Moi absolutisé par Stirner, dans le cadre d’une révolte anarchiste exclusivement individualiste contre toutes les formes contraignantes et oppressives s’opposant au Moi, peut-il être comparé voire mis sur le même plan que celui du « surhomme » nietzschéen disant « oui à la vie » en défiant toute autorité, toute valeur établie, toute idéologie « nihiliste » et toute forme d’oppression étatique?
Arno Münster, né en 1942 en Pologne, de parents allemands, est l’auteur de Ernst Bloch – messianisme et utopie (P.U.F., 1989) ; Rosenzweig (P.U.F., 1994) ; Emmanuel Lévinas (Kimé, 1995). Il est maître de conférences à l’université de Picardie – Jules Verne (Amiens).