De la phénoménologie augustinienne parcourue dans les Confessions disons qu’elle serait celle du désastre et qu’elle dessine les contours d’un moi à la fois sujet, observateur et objet du désastre. La conceptualisation, si elle peut tenir dans la désignation générale du moi, en dégage et en dessine une structure. Il est ce qui se révèle à soi-même dans la distance éprouvée à son objet. Pourrait-on dire alors que s’il n’y avait cette distance, il n’y aurait pas de moi ? Une fois Dieu atteint, y a t-il encore du moi ? Que le moi se découvre à soi-même dans la distance en fait un être du manque qu’il tenterait de résoudre, sous l’impulsion de ses volontés liantes, dans la liaison dont le signe et son prolongement le mot seraient la tentative. Mais que l’expression liante soit une expression de soi introduit les Confessions à être la forme élaborée de ce dont le corps à la recherche de ses membres est le schème.
Une expression de soi comme être délié en quête de la liaison. La confession est alors à la fois parcours de la déliaison à la recherche du lien, parcours du moi jusqu’à Dieu, et parcours de la spatialité jusqu’à la temporalité.
Louis Ucciani est maître de conférences à l’Université de Besançon Franche-Comté.