Longtemps considéré comme intermédiaire entre Kant et Hegel, Fichte est maintenant lu pour lui-même. Le système fichtéen accomplit la philosophie moderne, du cogito à l’institution kantienne de la raison pratique. Réfléchissant sur la scission entre le Moi pur – Absolu ou Dieu – et la conscience de soi, Fichte construit l’unité de la philosophie en déduisant un monde transformable et en réunissant morale et religion dans la transformation pratique du monde.
La pensée fichtéenne nous montre comment instituer effectivement cette pratique à partir du rapport à autrui, que ce soit dans l’éducation, dans le politique, ou dans l’exercice même de la philosophie au sein d’une communauté des savants. Le renouveau actuel des études fichtéennes rappelle aux lecteurs la proximité d’une philosophie d’engagement qui peut encore fournir bien des réponses aujourd’hui.

Luc Vincenti, agrégé et docteur en philosophie, est maître de conférences à l’université de Paris-I. Cherchant à rapporter l’une à l’autre morale et politique, il s’intéresse tout d’abord à l’éducation (Education et liberté, P.U.F., 1992) puis trouve, avec le système fichtéen, l’expression philosophique de cette exigence.