Le connaisseur véritable – cet individu rare qui se distingue par son aptitude à porter un bon jugement sur les œuvres d’art – serait capable de reconnaître un peintre à travers ses tableaux à la manière dont l’enquêteur identifie un criminel grâce aux indices qu’il a laissés ou dont le physiognomoniste met au jour l’intériorité cachée d’un individu en décryptant les signes de son visage. Mais sur quoi se fonde l’opinion selon laquelle le processus créateur est nécessairement travaillé par un mouvement d’autoprojection de l’artiste et quelles sont les démonstrations qui en ont été tirées? Pourquoi la touche a-t-elle été considérée comme une empreinte infalsifiable et parfois indécente du peintre sur la toile ? Comment la manière dont chaque époque envisage le passé peut-elle interférer sur le jugement du connaisseur ?
Martial Guédron enseigne l’histoire de l’art à l’Université de Strasbourg II. Il a publié : La plaie et le couteau. La sensibilité anatomique de Théodore Géricault (Kimé, 1997), et, en collaboration avec Laurent Baridon, Corps et Arts. Physiologie et arts visuels, l’Harmattan.