L’analyse suit les diverses inflexions du concept de finalité chez Kant à partir de l’Unique fondement d’une preuve de l’existence de Dieu (1763), où Kant pose la distinction cardinale entre finalité comme système – réalisant un ordre nécessaire selon les lois de la nature – et finalité comme technique – réalisant un ordre contingent. On examine alors comment les transformations du concept de finalité par Kant réfléchissent certains des moments majeurs de la constitution du concept d’organisme par des scientifiques de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les notions kantiennes de “principe régulateur” et de “fin naturelle”, nécessaires à la compréhension de l’idée d’organisme, se révèlent donc propres à élucider les concepts majeurs qui émergent alors : type, milieu, épigénèse, fonctions et normes, adaptations. La question métaphysique précritique de la contingence s’avère ressaisie par le criticisme dans ce réseau de notions.
Préface de Jean Gayon
Philippe Huneman, né en 1970, chargé de recherche à l’Institut d’Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques (CNRS – Université Paris I Sorbonne), est philosophe des sciences. Ses ouvrages et articles ont porté sur la métaphysique classique et l’histoire de la biologie à l’époque moderne (par ex. Bichat, la vie et la mort, PUF, 1998 ; (dir.) Understanding purpose. Kant and the philosophy of biology, U. of Rochester Press, 2007) ; il traite maintenant de problèmes posés par la sélection naturelle dans la théorie de l’évolution (causalité, adaptation, fonctions).