Philosophie et magie de la Renaissance à l’âge classique
Cet ouvrage interroge le sens de la relation entre lien magique et métamorphose en essayant de dégager des perspectives philosophiques et politiques spécifiques à la Renaissance et à l’âge classique. La pensée de Giordano Bruno demeure dans cette optique une référence essentielle. Le philosophe nolain n’a de cesse de réfléchir sur le sens de cette relation, puisque c’est à travers elle qu’il construit aussi bien l’art de la mémoire que la pratique magique comme art du lien. Des thèmes comme celui de la fureur héroïque, de la différence entre l’homme et l’animal, de l’action magique ne sont compréhensibles qu’à partir de la relation constitutive entre le lien et la métamorphose. C’est par conséquent en étudiant les « liens de la métamorphose » que l’on peut faire apparaître la constitution d’un spectre de savoirs (magie, philosophie, politique) traversant l’histoire européenne de la Renaissance et de l’âge classique. Cela permet également d’insister sur le rapport que ces savoirs entretiennent avec les pratiques sociales. La philosophie et la magie, loin d’apparaître comme des savoirs abstraits et purement nominaux, s’affirment en réalité comme des discours performatifs légitimant la constitution des liens civils et sociaux.
Il s’agit en définitive ici de reconstituer à nouveaux frais des séquences historiques et philosophiques qui tracent les relations entre une sphère des savoirs et une pratique de l’institution du social, dans une perspective comprenant aussi bien des auteurs de la Renaissance (Machiavel, Giordano Bruno) que de l’âge classique et baroque (Hobbes, Gracián).
Saverio Ansaldi est Maître de Conférences Habilité en Philosophie à l’Université de Reims.