La brisure du cercle auto-réflexif du sujet autonome (du sujet pensant kantien ou du cogito cartésien) devient, à partir de 1920, le mot d’ordre principal d’une philosophie éthique nouvelle visant à remettre pleinement dans ses droits l’altérité et l’humanisme de l’autre homme. Pour cette nouvelle pensée, le je ne peut s’éprouver que par sa faculté de se tourner avec compassion vers le prochain, le “tu”, jusqu’à devenir l’otage de l’autre. En analysant toutes les dimensions de ce “tournant dialogique” dans la pensée moderne et contemporaine, nous parviendrons à la conclusion que seule l’universalisation du principe d’action dialogique communicationnelle permettra l’avènement d’une société plus humaine et d’un ordre de paix mondial.
Arno Münster, né en 1942 en Pologne, de parents allemands, est l’auteur de Ernst Bloch – messianisme et utopie (P.U.F., 1989) ; Rosenzweig (P.U.F., 1994) ; Emmanuel Lévinas (Kimé, 1995). Il est maître de conférences à l’université de Picardie – Jules Verne (Amiens).