“Ce que je veux faire, c’est restituer le monde comme sens d’Etre absolument différent du “représenté”, à savoir comme l’Etre vertical qu’aucune des “représentations” n’épuise et que toutes “atteignent”, l’Etre sauvage”.
En s’engageant ainsi dans le dévoilement d’une transcendance pure, sans masque ontique, Merleau-Ponty assignait à la philosophie et au langage même une tâche presque impossible. Tâche nécessaire cependant, si l’on admet aussi, avec Husserl, que toute philosophie doit en venir au récit de son propre commencement, et se mettre en quête de ce qui la précède et qui, en nous, lui résiste. Nommer, donc, ce qui n’a de nom en aucune philosophie, atteindre à la dimension charnelle du corps et au logos du monde esthétique.
Pour n’être pas vaine, une telle tentative exigeait encore une méthode singulière, apte à faire paraître une chair de l’esprit et le lieu sédimentaire de tous nos mouvements à venir.
La présente étude tente de retrouver l’unité essentielle d’une pensée qui n’aura pas pu s’accomplir. Dans cet esprit, les textes politiques trouveront à s’intégrer dans le projet général d’une “ontologie du dedans” où se prolonge l’héritage husserlien sous la forme de cet “impensé” que l’auteur de Signes indiquait clairement comme le thème central de toute sa recherche.
Agrégé et docteur en philosophie, Jean-Marie Tréguier est chargé d’enseignement à l’Université de Rennes.