La critique populaire de la liberté économique
études rassemblées et présentées par Florence Gauthier et Guy-Robert Ikni
Tout comme le droit et la politique, l’économie est une science morale : ce qui s’est soudain obscurci lorsqu’une nouvelle politique économique chercha à imposer la sienne dans le secteur de la production et du marché des subsistances. La Guerre du blé, au XVIIIe siècle, fut l’expression de cette lutte entre deux morales : l’ancienne établissait un prix accessible à tous, la nouvelle un prix spéculatif, dépassant les revenus d’une importante partie de la société.
En Angleterre, le grand historien Edward P. Thompson découvrit les formes de résistance du peuple, mourant de faim devant des monceaux de blé, et nomma ce qui l’animait : économie morale du peuple.
En France, la Guerre du blé fut une des causes de la Révolution de 1789, mais c’est précisément la révolution qui permit d’inaugurer une expérience d’économie politique populaire, dont le principe du droit à l’existence et aux moyens de la préserver imposait ces limites à l’économique.
En Angleterre, le gouvernement dut combattre la Révolution française, car elle y ravivait une grande espérance et, de 1795 à 1830, il prépara la « révolution industrielle » en écrasant la résistance populaire, ajoutant à la souffrance de la destruction des protections du travail celle de la répression d’une révolution sociale avortée.
Cette histoire, qui remet en lumière l’économie morale démasquant l’instauration d’un homo economicus dépouillé de son humanité, se révèle le fruit d’une vaste culture populaire, que l’on retrouve partout dans le monde et dans des périodes historiques aussi anciennes que récentes : elle nous parle la langue sensible d’un humanisme universel qui cherche à se reconstituer, en commun.
Auteurs :Valérie Bertrand, Cynthia A. Bouton, Florence Gauthier, David Hunt, Guy-Robert Ikni, Edward Palmer Thompson