Si l’adhésion de Martin Heidegger au national-socialisme avait été seulement le résultat de certaines « conditions contraignantes », dues au contexte politique de l’époque et surtout aux fonctions de recteur assumées par le philosophe, depuis avril 1933, voire de pressions politiques fortes exercées sur le philosophe « de l’extérieur », son implication « temporaire » dans la politique du régime nazi en 1933 aurait pu éventuellement être excusée. Or, les documents publiés par le fils du philosophe, Hermann Heidegger, dans le vol. XVI des Œuvres Complètes de Heidegger (Gesamtausgabe) attestent et prouvent que cet engagement politique pro-nazi avait une ampleur et une signification beaucoup plus grande pour la vie et la pensée du philosophe, qu’il dura beaucoup plus longtemps et qu’il impliqua aussi une adhésion volontaire enthousiaste quasiment totale de Heidegger à l’idéologie nazie et à des théories nazies qui marqua non seulement toute la durée officielle de son rectorat à l’université de Fribourg, mais qui dura presque jusqu’en 1936, l’année où Heidegger commence ses cours sur Nietzsche.
Arno Münster, né en 1942 en Pologne, de parents allemands, est l’auteur de Ernst Bloch – messianisme et utopie (P.U.F., 1989) ; Rosenzweig (P.U.F., 1994) ; Emmanuel Lévinas (Kimé, 1995). Il est maître de conférences à l’université de Picardie – Jules Verne (Amiens).