Après Condition de l’homme moderne et La crise de la culture, l’essai De la révolution (1963) est le troisième ouvrage d’une série dans laquelle Hannah Arendt expose le nouveau paradigme du politique qu’elle entend développer ainsi qu’un nouveau paradigme de la révolution. Dans un contexte de Guerre froide, elle propose de tirer les leçons de l’histoire en opposant ce qu’elle nomme le « désastre » de la Révolution française aux leçons d’une révolution supposée réussie, incarnée par la « Déclaration des droits » américaine.
Les contributions des historiens et philosophes réunies dans ce volume, analysent la manière dont Arendt instrumentalise l’histoire des Révolutions américaine et française et se détermine par rapport à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Elles étudient également la place qu’Arendt attribue au peuple au cours de ces processus et dans quel esprit elle se réfère, dans le dernier chapitre de son essai de 1963, aux « conseils » révolutionnaires. La formule arendtienne du « droit à avoir des droits » amorce-t-elle, comme certains le soutiennent aujourd’hui, un tournant politique dans la considération des droits de l’homme ? Ne représente-t-elle pas plutôt une machine de guerre contre la notion même de droit naturel, qui se trouve au fondement de ces droits ? Dès lors, que reste-t-il de l’idée d’humanité dans la perspective construite par Arendt ?
Edern de Barros, Benoît Basse, Marc Belissa, Yannick Bosc, Christine Fauré, Emmanuel Faye, Edith Fuchs, Florence Gauthier.