On a présenté la fin du communisme comme une révolution démocratique : la démocratie libérale serait la fin de l’histoire, la forme politique parfaite de la modernité.
Les événements qui ont suivi 1989 obligent à tempérer ces affirmations triomphantes. La période qui a commencé à cette date peut aussi être celle d’une désémancipation de masse, mortelle à terme pour la démocratie libérale si celle-ci ne s’élargit pas en démocratie sociale et multiculturelle.
Il importe donc de visiter à nouveau les libéralismes, de faire apparaître le recouvrement du libéralisme éthico-politique par le libéralisme économiste, de tester les chances d’une pensée politique, nourrie d’une nouvelle critique de l’économie politique, d’essayer un paradigme de la pluralité des pratiques et de l’agon, d’explorer le concept d’une démocratie-processus, réellement transformatrice, et pourquoi pas, révolutionnaire.
L’ennemi de la démocratie-processus est aujourd’hui identifiable : c’est l’ethno libér(al)isme auquel consentent de fait les élites politiques libérales.
André Tosel, né en 1941, est professeur de philosophie à l’Université de Nice, Besançon. Parmi ses ouvrages, Spinoza ou le crépuscule de la servitude (Aubier, 1984), que cette étude prolonge, Praxis (Editions sociales, 1984), Kant révolutionnaire (P.U.F., 1988), Marx en italiques (T.E.R., 1991), L’esprit de scission (Annales littéraires de Besançon, 1991).
Il a dirigé la publication de divers volumes collectifs aux Annales Littéraires de Besançon : Les logiques de l’agir dans la modernité (1991), Modernité de Gramsci ? (1992), La Démocratie difficile.