Qu’y a-t-il de plus paradoxal et de plus profondément décevant que de ne plus pouvoir parler ouvertement aujourd’hui de la beauté sans être soupçonné de naïveté, tant elle a été elle-même frappée de mutisme voire d’interdiction par toutes les « déconstructions » de la métaphysique, toutes les « ruptures » des « avant-gardes artistiques », toutes les industries du divertissement de masse et toutes les formes de nihilisme qui en résultent ? La beauté ne continue-t-elle pas, pourtant, de faire l’objet d’une irréductible expérience qui, modestement mais résolument, féconde toujours l’existence humaine, dans sa dimension proprement esthétique, certes, mais aussi dans les domaines éthique (comme en amour et en amitié) et socio-politique (dans le partage du sensible nécessaire à tout sens commun) ?
C’est à redonner la parole et droit de cité à cette expérience de la beauté que nous espérons ici contribuer, en dialogue avec les Anciens et les Modernes, en nous instruisant à la fois des principes de la philosophie et des révélations de la littérature et des autres arts, comme de la vie la plus quotidienne.
Joël GAUBERT, Professeur honoraire agrégé de Philosophie en classes préparatoires au Lycée G. Clemenceau de Nantes, a notamment publié : La science politique d’Ernst Cassirer, Kimé, 1996 ; L’école républicaine : chronique d’une mort annoncée (1989-1999), Pleins Feux, 1999 ; Le cogito amoureux, éd. C. Defaut, 2008 ; Quelle fondation symbolique pour la culture ?, Pourquoi et comment étudier le mythe et la religion aujourd’hui ?, M-Éditer, 2010 et 2016.