Darwin était-il philosophe ? Sous l’apparence anodine de la question, un piège : celui qui invite à réduire, pour la discréditer, la théorie darwinienne au caprice d’une subjectivité raisonnante, à l’arbitraire incontrôlable d’une vision ,du monde, voire à la tyrannie d’un système. Ce que fit Marx à partir de 1862, après une brève période de vif acquiescement matérialiste, en réduisant Darwin à Malthus et à Hobbes. Ce que firent après lui d’innombrables répétiteurs d’une leçon bien peu documentée qui assimilait la pensée darwinienne à une application des dogmes triomphalistes portés par les classes dominantes de la société victorienne. Ce que font encore bon nombre d’idéologues préoccupés d’établir qu’à l’égal de Spencer, Darwin était un chantre des mérites de la philosophie politique libérale. Or Darwin s’intéressait à la philosophie. Comme à la religion, à la morale et à la politique. Mais non comme s’y intéresse un “philosophe”. En six études précises, ce livre explique pourquoi.
Patrick Tort, philosophe, linguiste, épistémologue, historien des sciences biologiques et humaines, est l’auteur d’une quarantaine de livres. Lauréat de l’Académie des Sciences pour son Dictionnaire du darwinisme et de l’évolution, Prix Philip Morris 2000 pour l’Histoire des Sciences.