Ce livre est la première étude détaillée des carnets de notes de Darwin de 1837 à 1839, époque à laquelle furent élaborés les premiers rudiments de sa théorie de la sélection naturelle. Elle tente de reconstituer, presque au jour le jour, la genèse d’une œuvre scientifique majeure : comment d’un foisonnement d’hypothèses contradictoires surgit une pensée nouvelle, s’appuyant néanmoins sur les anciennes pour élaborer un nouvel objet de connaissance ? Quel est le rôle du cercle familial et culturel de la famille Darwin, de tradition matérialiste, voire déjà évolutionniste, et au-delà d’une certaine tradition politique et philosophique ?
L’auteur pose d’une manière nouvelle les rapports entre ce que l’on appelle ‘externalisme’ et ‘internalisme’, étudiant de l’intérieur les observations proprement naturalistes de Darwin à une époque où toute théorie évolutionniste dans les sciences de la nature était suspecte, alors que l’idée d’évolution était déjà ‘dans l’air’ dans les conceptions sociales, politiques et économiques du temps. Il tente également d’expliquer pourquoi il n’y a pas de ‘moment de la découverte’, mais tout au plus un élément déclenchant ordonnant après coup une série de pensées fugaces, qui au moment de leur énonciation, avaient été rejetées, l’ordre linéaire de la découverte n’étant reconstruit qu’a posteriori.

Daniel BECQUEMONT est Professeur émérite à l’Université de Lille III. Il a publié Darwin, darwinisme, évolutionnisme (Kimé, 1992). Il a complété et corrigé la traduction de l’Ebauche de l’Origine des Espèces de Darwin (P. U. de Lille, 1993) et a édité chez Flammarion en 1992 la traduction inédite (revue et complétée) de L’Origine des espèces ; Il a publié Le cas Spencer aux P.U.F. avec L. Mucchielli. Il a participé au Dictionnaire du darwinisme et de l’évolution, P. Tort ed., (P.U.F.), et au Dictionnaire d’histoire et de philosophie des sciences (D. Lecourt ed., P.U.F.)