On n’a que rarement tenté une lecture philosophante de l’auteur des Fleurs du Mal. Baudelaire fonde non seulement la poésie moderne, mais son œuvre incarne le site événementiel dans lequel est engagée la pensée de la modernité. La poésie est donc bien une pensée, c’est-à-dire productrice de vérités et instauratrice de notre éternité. Elle s’immerge dans le prosaïque et déplace, par sa fonction critique, toutes les constitutions d’un sens du monde et de l’histoire concentrées dans le vocable honni de “Progrès”.
Le nom baudelairien de l’exposition de la poésie est le “Mal”. Le dispositif opératoire de rationalité poétique que Baudelaire met en place a pour points cardinaux les termes de Mal, Correspondances, Spleen et modernité. Ces “approches de Baudelaire” sont autant théoriques qu’esthétiques ou existentielles.
C’est à la puissance de pensée propre à la poésie en général dans la monade particulière constituée par l’œuvre de Baudelaire que cet ouvrage est consacré.
André Hirt, professeur agrégé de philosophie en Classes Préparatoires (Doctorat sur Baudelaire), est co-traducteur de W. Benjamin (Origine du drame baroque allemand, Flammarion 1985). Il a publié de nombreux articles et prépare un ouvrage sur la poésie dans la philosophie.