Les personnages de fantômes sont omniprésents dans le théâtre contemporain (Pier Paolo Pasolini, Didier-Georges Gabily, Edward Bond, Bernard-Marie Koltès, Heiner Müller etc…). Peu commentés et même parfois supprimés lors du passage à la scène, ils dérangent et bousculent tous les a priori au sujet des textes de théâtre : ils n’entrent généralement pas dans les constructions intellectuelles ne s’attachant qu’à proposer une herméneutique du texte. C’est en passant par l’analyse d’une pratique théâtrale différente, où le fonctionnement des fantômes est indissociable de la performance, qu’il est possible de comprendre leur rôle dans le théâtre contemporain. Dans la Rome antique, les fantômes ne sont intelligibles qu’à l’intérieur du système qui les a produits. Complètement différents des fantômes anthropologiques présents dans les textes historiques, épiques ou épistolaires, ils ne nous apprennent rien sur la façon dont les Romains envisageaient l’au-delà.
Pierre Katuszewski est Docteur en Etudes Théâtrales (Paris III). En 2006, il a soutenu sa thèse sous la direction de Florence Dupont : “Ich war Hamlet. Recherches sur les fantômes dans les théâtres antique et contemporain”. Il est membre du CERILAC (Paris 7-Denis Diderot) et du Groupe de Recherche en Ethnopoétique (GREP GDR3068). Ses recherches actuelles portent sur le théâtre yiddish dans une perspective à la fois historique et anthropologique. Formé à l’Ecole de théâtre Tania Balachova-Véra Greg, il exerce depuis de nombreuses années le métier d’acteur. Il est également metteur en scène de plusieurs pièces et adaptations théâtrales, et notamment de la Correspondance de Nelly Sachs et Paul Celan.